L’histoire de la commune
Etymologie
La charte de 1141 entre le doyen de la collégiale Saint Florent et les chanoines mentionne pour la première fois le nom de « Humaten ». Différentes orthographes ont été trouvées : Urematen en 1194, Uormtten en 1290, Urmatten en 1320, Urmatt en 1464, …
Le terme « Ur » peut avoir trois significations :
- lieu où se trouve une grande prairie
- originaire de « Urus » signifiant aurochs qui y paissaient
- « Ur » qui rappelle en allemand l’humidité constante
Quant au suffixe « matt » il correspond à la forme germanophone matt qui veut dire prairie (voire hausen/habitat). Plusieurs options existent, mais la plus probable est celle du lieu toujours humide, car Urmatt est localisé près d’étangs, de marais et marécages au confluent de différents ruisseaux et de la Bruche. Urmatt tire donc son origine et son sens de « un lieu d’habitat dans un endroit humide »
Origine et développement
En 810 l’évêque de Strasbourg fait transférer le corps de Saint Florent à l’église du couvent de Niederhaslach. La vallée de la Hasel et la région commencent à se développer, car il faut accueillir les pèlerins. C’est le début du peuplement de la vallée de la Bruche.
C’est pendant cette période que le village a dû se former, sur un emplacement choisi : endroit non inondable mais proche d’un cours d’eau (le Muhlbach) avec des terrasses pour faciliter la culture. Cet endroit est proche de l’ancien cimetière.
Cabanes des colons et huttes des serfs s’élèvent autour d’un puits dont l’eau limpide est réputée avoir des vertus thérapeutiques. Il devient un lieu de pèlerinage. Une chapelle est construite renfermant le puits en son choeur. Le hameau continue à se développer dans un territoire plus large comprenant des terres arables et des prairies. Les forêts restent la propriété du seigneur territorial.
Le village se forme selon le schéma roman, avec les maisons alignées le long de la rue principale, mais également selon le schéma alaman où les maisons s’implantent autour de l’église ou de la maison commune.
Le village est traversé par le « grand chemin » qui parcourt la vallée. Jusqu’en 1740 il pénètre par le côté ouest, traverse le ruisseau Eimerbach, la rue de la Hoube et rejoint la rue de Molsheim jusque la place des Fêtes. Puis la rue de l’Eau, traverse le Muhlbach et longe la Bruche jusqu’à la nouvelle grande route mise en circulation vers 1740, et dont l’empierrement débutera en 1752. Les ponts sur l’Eimerbach, le Sultzbach et la Hasel sont construits en 1783.
Avant la guerre de Trente Ans, le village compte 21 maisons dont la majorité est détruite en 1634. En 1668 il y a 11 maisons, 20 places masures, une église avec son cimetière et 2 autres places communautaires. En 1750, la population est constituée d’une quarantaine de foyers. A partir de 1766 deux unités industrielles s’implantent le long de la route : la tuilerie Stern et la forge de Joseph Schuller.
Le premier plan du village est établit par Oetinger en 1819. Vers 1840, suite à l’industrialisation du village une nouvelle extension se réalise, une nouvelle rue est tracée : la rue de la Chapelle.
Le nombre de nouvelles constructions reste constant à l’exception de l’année 1841 avec 11 nouvelles maisons.
Le ban et son aménagement
Le ban de la commune a été défini en deux étapes : à la fondation du village et après le partage de la forêt des sept communes.
Le premier ban est délimité par des éléments naturels, ruisseaux, rochers, forêts, … La partie cultivable est divisée en trois cantons : Niederfeld, Mittelfeld et Oberfeld, encore divisés en lieux-dits.
Après la guerre de Trente Ans en 1668, est établi le premier livre terrier qui énumère tous les champs, prés, vergers et maisons. La surface des champs et prés exploitables est de 696 arpents.
Après le partage de la forêt des sept communautés la surface du ban augmente. Il contient les forêts de Molsheim, Mutzig et Niederhaslach, tandis qu’une partie de la forêt d’Urmatt est située sur le ban de Lutzelhouse. Ce nouveau ban est d’une surface de 1 416 hectares.
Les villageois désiraient augmenter leur patrimoine et font des pétitions auprès des autorités laïques ou épiscopales qui finissent par aboutir. Quatre lieux-dits sont concernés :
- In den Lossen : accord positif en 1745, et découpage du canton en 43 parts égales.
- Le Eichkopff : situé entre les cantons Eimerbach et de la Kritt. Autorisation de lotir et de vendre les parcelles aux enchères en 1780. Le terrain est ingrat et les 37 bourgeois concernés obtiennent de pouvoir planter de la vigne. Ce lieu-dit prend le nom de Rebberg. A la fin du XIX ème le phylloxéra détruit le vignoble, et la famille Muller achète la colline.
- La Hoube : canton de 12 ha situé entre celui de l’Eimerbach et le ban de Lutzelhouse. En 1849 le maire demande au préfet l’autorisation de défricher ce terrain peuplé de taillis. Refus dans le but de protéger l’eau et les pins sylvestres qui y poussent.
- Le Grostein entre Hoube et Bruche. La partie communale est de 2 ha en prairies et en bois peuplé de merisiers. Aucun partage n’a lieu et la municipalité y plante 150 cerisiers.
La population
Les premières indications relatives à la population remontent à 1335. On retrouve six familles, soit une trentaine d’âmes. En 1575, les familles sont plus nombreuses, au nombre de 27, la communauté se composant de 150 personnes.
En 1666, le recensement des propriétés foncières et des bâtiments relève 21 maisons, qui pour la plupart seront démolies pendant la guerre de Trente Ans.
De nouveaux bourgeois ne sont pas originaires de la région, mais y ont immigré après la guerre de Trente Ans, originaires de pays de langue francophone.
Vers 1680 une nouvelle vague d’immigrants s’installe au village, venant du pays de Salm, la population devenant moitié francophone et moitié germanophone. Mais après quelques années, tous parlent le dialecte et plus aucun acte est rédigé en français.
La population est constituée principalement d’agriculteurs et de journaliers. En 1806 les agriculteurs représentent 42 % de la population, les journaliers 24 % et les artisans 31 %.
En 1815, la liste nominale des contribuables fait ressortir que 15 % de la population est dans la classe aisée, le restant étant en catégorie modeste ou indigente. En 1848 la municipalité déclare que 115 familles sont insolvables. En 1865 il resterait 80 familles insolvables. A partir de 1845 le conseil municipal vote une subvention au bureau de bienfaisance couvrant la distribution de vivres, pain, farine, riz ou pommes de terre.
Des travaux d’intérêt de la commune sont développés permettant aux pauvres de gagner par le travail les moyens d’existence.
L’évolution du nombre d’habitants de 1660 à 1900 est lente jusqu’en1720, car le pays est encore en guerre. Après cette période, elle suit une ascension régulière. Vers 1840, l’industrialisation du village est à l’origine d’une nouvelle population venant d’un rayon beaucoup plus large.
En 1870, l’Alsace est annexée par les Allemands et de nombreuses personnes optent pour les régions francophones. D’autres abandonnent l’agriculture et s’installent en ville pour travailler dans les nouvelles usines.
La municipalité
Dès sa création en 1788, la municipalité doit gérer les affaires de la commune en toute équité, réorganiser les corvées et instaurer des arrêtés de police pour garantir l’ordre public. Très vite des oppositions se forment, des rivalités qui perturbent le bon fonctionnement du village. De la Révolution jusqu’en 1926, 17 maires se sont succédés.
En cette période le maire exerce son mandat pour une courte durée, et peut être destitué avant la fin de son mandat. Le pouvoir est souvent considéré comme un moyen d’enrichissement personnel. Les clans opposants et la population dénoncent les abus commis et ainsi des maires et leurs adjoints sont remplacés pour leur incompétence.
Les maires nomment le personnel municipal et gèrent avec plus ou moins de succès les affaires communales.
Les premières réalisations visibles débutent sous le mandat du maire Florent Aufschneider qui fait établir le cadastre, achète et aménage la nouvelle école, fait construire un pont sur la Bruche et prépare l’agrandissement de l’ancienne église. En 1822 la municipalité achète la première pompe à incendie d’une contenance de 3 hectolitres.
Puis, Florent Siat réalise l’agrandissement de l’église, reconstruit l’école détruite par un incendie, ainsi que le pont sur la Bruche emporté par une crue.
Enfin, la rétribution scolaire est prise en charge par la caisse municipale. C’est la première école gratuite.
Florent Valentin, son successeur, réalise la construction d’un nouveau presbytère et fait édifier un nouveau bâtiment qui comprend le corps de garde, la prison, le logement de l’appariteur, la salle commune et un local pour les archives.
La maison Untrau est achetée pour établir une salle d’asile et une école de filles. Mais la plus grande oeuvre sera le lancement du chantier de la construction d’une nouvelle église.
Le maire François-joseph Valentin exercera 29 années de mandat. Il suivra la construction, l’aménagement et l’inauguration de la nouvelle église. Il fait consruire un pont sur le Soultzbach et un pont en pierre de taille sur la Bruche. L’ancienne église est démolie et l’enceinte du cimetière reconstruite.
Il défend et soutien financièrement l’établissement d’une voie ferrée reliant Mutzig à Schirmeck, 18 000 francs étant votés au budget de 1866, les habitants devant fournir des prestations en nature. Cette voie est achevée le 24 février 1879.
En 1864, une agence postale est créée dans le village.
Le mandat du maire Jean Philippe Siat débute le 30 novembre 1881 et se déroule sous administration allemande. En 1884 inauguration du réservoir collectant les eaux des sources du Jarger, du Gutenbronnen et du Kappelbronn. Dès 1888 la canalisation d’eau dessert chaque maison, et alimente onze fontaines en grès qui remplacent les huit puits existants depuis 1819.
En 1888 l’électricité fournie par les usines Muller permet d’alimenter six lampadaires.
En 1895, il est décidé de construire un lavoir couvert sur le Muhlbach. La construction d’une école de filles est mise en chantier.
Le personnel communal
Il est nommé par le conseil municipal. On peut distinguer : l’appariteur, le gardien de bétail, le gardien d’oie, les personnes qui s’occupent des taureaux de la commune, et même en 1828 un taupier.
Insécurité et ordre
Pour lutter contre l’insécurité les maires éditent un règlement très contraignant. Pour faciliter son application, il est créé une garde nationale en 1831, dont la première à Urmatt compte 26 membres. Il est imposé des gardes journalières, des rondes et des patrouilles, une présence aux exercices et manoeuvres qui se déroulent tous les dimanches. En 1833 un fusil est remis à chaque garde. En 1835 cette garde nationale devient la compagnie des voltigeurs composée de 28 membres, renouvelés tous les trois ans.
Les écoles
Depuis le concile de Trente (1545-1563) chaque paroisse doit entretenir un régent d’école. Le clergé nomme les maîtres d’école et administre le bâtiment de l’école. Jusqu’à la Révolution, c’est le chanoine de la collégiale de Niederhaslach qui en a la tâche. Après cette période, ce sont les conseils municipaux qui s’occupent entièrement du dossier scolaire.
En 1655, l’évêché relève qu’aucune des quatre localités de la prévôténe possède de maître et de local et que leurs enfants sont envoyés à l’école de Still.
En 1668, Urmatt possède une maison servant d’école située à l’emplacement de l’ancien presbytère. De 1781 à 1790 l’école se fait dans une autre maison commune située à l’angle de la rue de Molsheim et de la route principale. Après une nouvelle affectation, en 1820 l’école trouve sa place dans la maison du maire Aufschneider, rachetée par la commune. Mais en 1828 un incendie brûle le bâtiment aux deux tiers. Sa reconstruction est achevée en 1832, et l’ouverture de la nouvelle école pour garçons et filles a lieu le 2 mai 1832. En 1837 il est nécessaire d’agrandir l’école qui peut ainsi accueillir 110 élèves, mais qui dès 1847 se révèle de capacité insuffisante. En 1854, l’école perd sa mixité et devient l’école des garçons.
Cette école fonctionne dans ce bâtiment jusqu’en 1959, année de l’inauguration du nouveau groupe scolaire. Quant l’ancien bâtiment, il redevient la mairie après transformation et inauguration en 2008.
Le fonctionnement des écoles
Avant la Révolution, le maître d’école est payé par les parents, la scolarité n’étant pas obligatoire. On attache autant d’importance à sa piété, à sa moralité qu’à ses connaissances ou ses qualités pédagogiques. Il s’agit d’évangéliser les enfants du peuple et de les extraire de la rue où ils troublent l’ordre public, et de les former à l’ordre et à la discipline.
Les matières enseignées sont la lecture, l’écriture, le calcul, la théorie de l’agriculture, l’élevage du bétail, la taille et le greffage des arbres. L’enseignement lent et routinier se fait en langue allemande jusqu’à la Révolution, et s’adresse essentiellement aux garçons car peu de filles fréquentent l’école.
En 1793, la Convention décide d’introduire l’enseignement en langue française. Peu d’enseignants alsaciens connaissent cette langue, ce qui entraîne la fermeture de nombreuses écoles.
La gestion de l’école revient à la commune. Elle signe en 1821 un premier contrat d’embauche pour un instituteur, qui est engagé aux conditions suivantes :
- Un logement dans la maison commune avec jardin et verger
- Un traitement de 400 fr par an
- Huit ares de champs cultivables
- Huit stères de bois et quarante fagots
- Chaque enfant paie 10 cts par semaine pour l’instruction
L’instituteur s’oblige à faire le secrétaire de mairie et sacristain, de sonner les cloches matin, midi et soir, et de dire le chapelet le mercredi, vendredi et samedi.
Le 15 mai 1837 est votée la gratuité de l’enseignement, qui sera supprimée en 1854 sur ordre du préfet. Toutefois les 88 enfants de pauvres sont admis gratuitement à l’école. Un an après, devant la désertion des enfants devant payer, le conseil municipal rétablit la gratuité pour tous.
En 1870, lorsque l’Alsace est annexée à l’Allemagne, on enseigne l’allemand, on impose l’écriture gothique. La fréquentation de l’école est obligatoire pour les deux sexes, de 6 à 14 ans pour les garçons, et de 6 à 13 ans pour les filles.
Le personnel enseignant
Les problèmes sont majoritairement d’ordre financier. D’autres difficultés apparaîssent quand l’enseignant reste trop longtemps en place. Les parents et les autorités se plaignent souvent de service mal rendu. En 1869 le conseil municipal décide que l’éducation des garçons est confiée à des instituteurs congréganistes des frères de Matzenheim, situation qui prendra fin en 1877 suite à des guerres internes entre frères. A partir de cette date, l’enseignement sera toujours assuré par un instituteur laïc.
L’éducation des filles est confiée aux soeurs de la Divine Providence de Ribeauvillé qui l’assurent avec satisfaction.
En 1850 il est décidé de créer des logements convenables sous les combles de la nouvelle école des filles pour les institutrices.
Les églises
Urmatt devient en 1802 une paroisse indépendante après avoir été longtemps une filiale de la paroisse de Niederhaslach.
La première église est une grande chapelle qui est démolie par les habitants, devenue en ruines. La date de cette opération n’est pas connue … L’entrée au cimetière se fait par la rue de l’Eau jusqu’en 1740. Après la guerre de Trente Ans, en 1661, une somme est destinée à la réparation de l’église en ruines, à l’achat d’objets du culte et une cloche.
En 1793 cette église devient bien national. Le bâtiment est mis aux enchères en 1795, et loué par Barthélémy Siat qui se dévoue afin de sauver ce patrimoine.
L’église devient trop petite et on envisage de l’agrandir, mais rien ne bouge jusqu’en 1826, date à laquelle le dossier est repris. L’agrandissement en 1838 amène les dimensions de l’église à 22 m de long et 12 m de large, et peut accueillir 140 âmes.
Des travaux supplémentaires concernent une tribune plus spacieuse pour installer un orgue fabriqué par Joseph Stiehr de Seltz en 1829. Une horloge est fournie par Pierre Moser de Bischwiller.
En 1856 cette petite église menace de s’écrouler. Le préfet ordonne des travaux de soutènement en 1859. Le plafond du coeur et de la nef sont étayés, et la couverture est réparée. La charpente de la flèche est déposée et remplacée par unetoiture plate.
Cette église est démolie entre 1866 et 1869.
En 1869 on décide de remplacer la vieille croix du cimetière par une nouvelle réalisée par Martin Rebell. Cette nouvelle croix est actuellement sur la place de l’église.
Au cimetière, on refait les murs qui l’entourent en y incorporant les stèles des anciennes tombes.
L’église actuelle
Dès 1842 la commune déclare que l’église demande trop de réparations, qu’elle est trop petite et malsaine. Le projet est ajourné, puis réouvert en 1845. Les difficultés rencontrées pour l’achat des terrains nécessaires entraînent un nouvel ajournement. C’est en 1853 que le dossier refait surface et qu’il est décidé de faire des coupes de bois extraordinaires pour financer l’achat des terrains de 25,42 ares (1857).
En 1860 les différents lots de la construction sont attribués par adjudication pour un montant de 122 000 francs.
Le style néo-gothique est dessiné par l’architecte Alexandre Matuszinski, et l’entrepreneur Nigg fait le gros oeuvre.
Goussel de Metz coule les trois cloches : Marie de 1626 kilos, Ulrich de 814 kilos et Florent de 496 kilos.
L’orgue est confectionné par Stiehr, et les vitraux par Maréchal de Metz.
Ungerer Frères fournit l’horloge à quatre cadrans.
Le coût de l’église revient à près de 140 000 francs, et sa réalisation aura pris plus de vingt ans. En 1897 la municipalité acquiert les parcelles aux abords de l’église pour réaliser la place actuelle.
Les serviteurs de Dieu chargés du culte dans le village de 1664 à 1757 sont les curés de Niederhaslach. Ensuite, un vicaire résidant est installé à Urmatt.
Activités rurales et industrielles
Depuis son origine, le développement d’Urmatt tient essentiellement à l’agriculture et l’exploitation du bois. Jusqu’à la Révolution la population vit en autarcie. A partir du 19ème les activités industrielles se développent au détriment des exploitations agricoles.
Les activités agricoles
La richesse des agriculteurs se mesure au nombre de chevaux, et boeufs et vaches qu’ils possèdent. En 1852 la municipalité recense 23 chevaux, 3 taureaux, 42 boeufs, 217 vaches et veaux, 1 jument et 1 génisse. En 1897 il est décompté 19 chevaux, 222 bovins 1 ovin et 91 porcs.
En 1852 la culture des racines et légumes occupe 4,7 hectares, celle des graines oléagineuses 1,6 ha, du chanvre 1,25 ha et du lin 1,42 ha.
En 1866 les 41 exploitations agricoles occupent 38 hommes et 5 femmes qui nourissent 58 hommes et 91 femmes. Les grandes exploitations emploient deux à trois domestiques. Les journaliers et ouvriers agricoles sont 45 hommes et 12 femmes qui subviennent aux besoins de 61 hommes et 116 femmes. Les journaliers sont souvent sans travail pendant six mois de l’année. Ce sont les “indigents” que la municipalité doit soutenir financièrement pendant la mauvaise saison en les utilisant dans les ateliers municipaux.
Les artisans
Ce sont : le tonnelier, le maréchal-ferrant, le charron, le potier, le sellier, le cloutier, le tisserand, le tailleur, le cordonier, le meunier, le boulanger, l’aubergiste et l’épicier, le voiturier. Pour le bâtiment : maçons, charpentiers, tailleur de pierre et sculpteur.
Tous ces corps de métier sont présents dans le village, et la plupart emploient des ouvriers salariés.
Les activités industrielles
Du 16ème au 19ème siècle les activités industrielles sont liées au moulin, aux tuileries et à l’exploitation du bois : fabrication de charbon de bois, abattage, transport, vente de bois et scierie.
Le commerce du bois
Le commerce du bois est de tout temps une activité permettant aux habitants d’avoir de quoi vivre.
Dans la forêt le bois est abattu et schlitté aux abords des chemins forestiers, puis il est chargé par les voituriers et amené en bord de Bruche pour le flottage. La période de voiturage s’étale du printemps à l’automne, et à cette période le stock de bois s’étale le long de la Bruche “telle une muraille sans fin”. Pendant la période de flottage le bois descend la Bruche jusqu’à Molsheim, puis jusqu’à Strasbourg. A partir de 1862 le canal de la Bruche est mis en service, et le bois ne flotte plus que jusqu’à Molsheim où il est embarqué.
Les scieries
La véritable exploitation locale du bois débute avec la création des scieries.
Une première scierie est signalée en 1819 alimentée par un canal d’eau faisant tourner la roue motrice. On ne connait pas sa date de création, et elle est détruite en 1854.
La seconde scierie est décrite dans l’inventaire de juillet 1874. En 1852 cette usine est mue par une roue hydraulique, seul vestige du moulin à farine détruit . En 1892 Georges Muller démolit l’ensemble et construit une nouvelle scierie qui prendra le nom de la “Schliff” et restera dans le patrimoine Muller jusqu’en 1971.
Une troisième scierie est implantée au lieu-dit Fittengarten et appartient à Florent Siat natif d’Oberhaslach et à Antoine Schuller. Achevée en 1838 elle est cadastrée nouvelle construction imposable en 1846. Cette usine est alimentée par un moteur à manège, car la chute d’eau sur le Soultzbach est très faible.
En 1866, Jean Philippe Siat fait installer une chaudière pour fournir l’énergie nécessaire. La scierie est agrandie pour finalement être détruite par un incendie en 1878. Mais déjà en 1877 son activité est déplacée dans celle construite par Florent Mosser.
La quatrième scierie de Florent Mosser entre en activité en 1866, à côté de la Bruche. Un conflit entre la scierie, les usines Muller et la municipalité concernant l’utilisation de l’eau du Muhlbach se résoud par un règlement des eaux en 1865.
Vers 1876 Mosser rencontre des difficultés financières et sa scierie passe entre les mains de Louis Schuller et Jean Philippe Siat qui la dirige jusqu’en 1912. Puis ses enfants Joseph et Louis prennent sa succession dans une scierie qui devient la plus grande de la vallée de la Bruche. Aujourd’hui les membres de la famille Siat sont à la tête de la plus grande scierie de France, visitée en 2009 par le président Sarkosy qui y exposera sa politique de la filière bois.
Une cinquième scierie s’implante près de la gare appartenant à Henri Wahlmann qui fonctionne durant le 20ème siècle et sera rachetée par Siat.
Carrières et sculpteurs
En 1819 la commune entre en possession d’une partie du Langenberg qui comporte une masse de belles roches. En 1856 27 hommes et 11 femmes travaillent dans la carrière. Le pont sur la Bruche est construit en 1868 avec les pierres de la carrière.
Un sculpteur, Balthasar Rebel s’installe en 1832 et travaillera pendant 40 ans avec son fils, créant de nombreuses croix, monuments et stèles dans Urmatt. On leur connait quatre croix au village : devant la chapelle Siat, sur la place de l’église, au 59 rue de Molsheim et dans leur jardin, 2 rue saint Jean.
L’industrie textile
En 1847 un atelier de tissage de dix métiers occupe 40 jeunes gens et enfants du village.
En 1856 Jean-Baptiste Muller crée une usine de filature à l’entrée du village, sur le ban de Muhlbach. Cette nouvelle usine textile marque le début de l’industrialisation du village avec l’embauche du personnel féminin. En 1877 elle est desservie par un arrêt de train situé à l’entrée du domaine. En 1888 les descendants de Muller construisent à l’entrée du village un orphelinat dont les pensionnaires deviennent une main d’oeuvre de choix. Cette industrie se poursuit au 20ème siècle.
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